On tue les vieux sans qu'ils meurent - Gérard DEPARDIEU
Le sort que l'on réserve à nos vieux ici,
en Occident, est effrayant.
Dans les années 1950, on les gardait encore avec nous.
On ne se posait même pas la question.
Ils restaient avec les enfants, avec les petits-enfants.
Aujourd'hui, ici, c'est fini.
On ne s'occupe plus d'eux.
On les retire de la famille, de la Vie.
On les met dans des maisons.
« Ils seront mieux là-bas », dit-on.
Et on les exile dans cet espace où,
forcément, ils vont perdre la raison.
Parce que, pour pouvoir continuer à vivre
dans ce genre de maison, il faut forcément perdre la raison.
Pour ne plus voir les murs.
Pour ne plus voir cette réalité qu'on leur fait.
Ils n'ont pas d'autre choix que de devenir invisibles.
De s'oublier eux-mêmes tant on veut les oublier.
C'est une façon de les tuer sans qu'ils meurent.
De les mettre en terre encore vivants.
Voilà ce que cette société,
ici et maintenant, nous amène à faire.
Sans même y réfléchir.
Que je sois en Afrique, dans les pays arabes,
en Russie, tous ces pays où il y a encore de la Vie,
partout je vois des vieux.
Au milieu de leur famille, encore.
De leurs traditions.
Bel et bien vivants.
© Gérard DEPARDIEU
Vous pouvez retrouver cet article
dans la catégorie :
L'ailleurs : cette petite distance qu'il faut trouver
pour rester profondément humain.
Je suis parfois un innocent, parfois un monstre
Tout ce qui est entre les deux ne m'intéresse pas.
Tout ce qui est entre les deux est corrompu.
Seuls l'innocent et le monstre sont libres.
Ils sont ailleurs.
Inscrivez-vous au site
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 67 autres membres