D'être rien
© - 2015 - D'être rien
D’être rien
Vous la reconnaissez, cette sensation ?
Celle d'avoir l'impression d'être toujours le second choix,
le dernier d'une grande liste.
Celle de se sentir minable, de penser qu'on ne compte pas
autant qu'on l'aurait voulu.
Cette sensation d'épuisement et puis, celle de n'être jamais assez bien.
D'avoir la sensation d'être toujours le seul à s'attacher.
D'être toujours mis de côté, non désiré, sans valeur.
Cette sensation qui ronge et puis, qui donne à penser
que c'est toujours de votre faute,
que ça a toujours été de votre faute.
Cette sensation qui vous poignarde,
celle qui vous fait du mal parce qu'on se rend compte
qu'on a été naïf de croire.
Croire qu'on pouvait enfin manquer à quelqu'un,
qu'on pouvait compter pour ce quelqu'un.
De lui avoir ouvert tout grand votre cœur
mais pour qui vous n’êtes rien et qui n’hésitera pas
à vous abandonner pour le peu que vous en parliez.
Cette sensation de bon à rien,
de songer que quoi qu'on fasse,
ça ne sera jamais assez.
Ça n'aura jamais autant d'importance ni de valeur
que si c'était l'autre qui le faisait.
De devoir constamment donner ou de prouver vos sentiments
pour, peut être, récolter, en retour, une furtive attention,
une aumône ô combien espérées.
Cette sensation de vide qui vous happe constamment vers le fond
alors qu’on était déjà si abimé.
De n’être jamais entendu ni même écouté sur vos difficultés,
vos blessures et maux à porter.
De devoir réclamer une miette de quelque chose.
Un quelque chose qu’on n’a jamais voulu, en définitive, vous donner.
De ne jamais être là au bon moment,
de devoir toujours encaisser et inconsciemment
se replier sur vous-mêmes pour se protéger.
D'être fautif, de l'être toujours.
D’être rien.
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