La tristesse comme abandon de soi
© - 2016 - La libre-pensée : La tristesse comme abandon de soi
"La tristesse use, fatigue, vieillit,
plus que toute lutte et tout labeur."
♥ Henri-Frédéric Amiel ♥
Tel est le nouveau sujet que j'ai choisi d'aborder
aujourd'hui dans la libre-pensée.
Un sujet vaste qui parle, qui me parle tant nous y sommes,
tous un jour, confrontés à mille nuances près.
Qui n'a jamais éprouvé à un moment de sa vie de la tristesse ?
Tout d'abord, pour la définir, la tristesse est « une émotion »
complexe et remplie de tonalités.
Elle est caractérisée par un intense sentiment d'impuissance, de chagrin, d'une perte d'espoir et d'un abattement général.
La tristesse peut naître d'une situation (ou d'un choc) à la suite de paroles, d'un geste mais aussi d'une pensée.
Mais il arrive aussi qu'elle est inexplicable de l'extérieur.
L'émotion de tristesse s'abat sans l'annoncer.
Dans ce dernier cas, elle peut être l'un
des symptômes d'une dépression.
Ainsi, il est nécessaire de déterminer la source du sentiment
de tristesse pour régler le problème.
L'intervention d'un psychologue est parfois utile
face à une tristesse trop vive et tenace.
Pierre Larousse disait si justement :
« La tristesse est le poison de l'âme. »
La tristesse est effectivement un poison.
Un poison de l'âme qui coule dans les veines
et qui transparaît dans les coulisses du comportement.
L'âme est atteinte, abîmée,
impactée par tous ces tourments
de vie et chagrins accumulés.
La lumière peu à peu en l'individu s'éteint.
Même les traits deviennent ternes et
reflètent souvent cette tristesse intérieure.
Actuellement, je vis moi même une pause « forcée ».
Un trop plein de tristesse « vive » et tenace survenu
à l'occasion de strates cumulées ces derniers mois.
En réserve de "batterie" aussi
depuis de longs mois,
avec en bonus,
un événement déclencheur supplémentaire,
qu'il me faut de nouveau affronter et résorber
pour combattre les conséquences par ricochet
sur ma vie autant privée que professionnelle.
Parler à ceux qui savent écouter peut faire du bien.
Une personne extérieure neutre de préférence
argumentant avec objectivité et sans affect.
Cela peut permettre de s'épancher sur ce qui ronge
et ainsi normalement le canaliser pour pouvoir l'évacuer.
Encore faut il reconnaître le besoin d'aide.
Mais aussi "le permettre" en faisant l'option d'un tel choix
qui permet de se confier en toute neutralité.
Et écrire bien sûr …
« J'ai perdu un morceau de moi ».
Je voudrais pouvoir mettre les bons mots sur tout cela,
sur cet épisode de vie.
Cela va faire presque bientôt un mois
que le raz de marée a surgi une nouvelle fois.
Une seule journée, pourtant si attendue, et à peine
quelques mots durs et glacés,
ont suffi pour anéantir
de nouveau ma vie et mon quotidien.
Vécue comme un tsunami émotionnel
une injustice cruelle
et foncièrement infondée.
Sentiments Manipulés par l'action imprévisible
de la personne aimée et qui pourtant encore
quelques heures plus tôt
semblait tout à fait posée et décidée.
Une tempête qui éclate en quelques secondes
à notre insu prétextant pour justifier
l'excuse d'une "pseudo pression"
mais totalement déformée de par les circonstances :
Via simplement l'occultation
d'une inquiétude légitime,
normale, quand on aime
par souci de l'autre,
dont on n'a pas nouvelles,
et accentuée sur le fond
par la nuit, la route et la fatigue.
Un chaos inconcevable, disproportionné,
dans toute l'inavouable vérité
de ce qui a été fait en réalité
et sans qu'on le sache
le temps d'un espace temps
réduit de quelques heures.
Depuis ce jour, choquée,
les larmes pleuvent
comme une impression
de ne plus rien contrôler.
J'ai cette affreuse sensation d'être
déconnectée de mon corps
et d'être le jouet de ces sombres pensées.
Elles ont pris toutes les commandes désormais.
En fait, j'ai perdu quelque chose qui faisait
tout ce que j'étais... moi.
Une pause-hospitalière, bulle-oxygène,
consécutive et urgente dans la foulée
pour ne pas faire l'économie de sa santé
qui se trouve moralement salement amochée.
Alors, oui, je confirme, la tristesse fatigue et surtout abîme.
Elle dévore notre esprit, l'use et l'empêche de trouver le sommeil.
Les nuits sont longues quand la tristesse y vit.
On a l'impression que le temps d'un seul coup est tombé sur soi comme une chape de plomb tant il écrase et nous serre dans un étau sans bruit.
Rien à voir avec une fatigue après une journée de travail.
Celle là est insidieuse et détruit.
On se lève sans aucun bénéfice de la nuit.
La lutte est continuelle.
La tristesse est ainsi une émotion dont je peux parler
car je l'ai connue sous différentes nuances
durant pratiquement toute mon existence.
J'ai eu très peu de répit en ce sens.
Elle peut toucher n'importe qui.
Personne n'est à l'abri.
Cloîtrée dans les murs d'un sordide foyer
pour enfants abandonnés,
je l'ai portée très vite en sac à dos
comme bagage des prémices de mon existence.
Tel un virus salement chopé, installé en soi,
qui ne vous quittera jamais.
J'ai surtout souffert de la tristesse par solitude
et d'un manque terrible d'affection.
Elle s'est souvent exprimée de cette façon là.
Un manque jamais comblé
à la seule exception d'années passées
près d'un père merveilleux,
non de sang, mais pourtant à jamais
lié à moi, par la croisée de nos deux vies
ancrées dans notre espace temps.
Parti bien trop tôt
mais vivant chaque jour en moi.
Bien sûr, on peut être heureux « seul »
mais lorsque vous l'êtes par choix…
En outre, s'isoler a fondamentalement du bon
pour se ressourcer.
Il est même salutaire.
La fameuse bulle comme je l'appelle.
Mais lorsque cette solitude vous est imposée par la vie,
elle grignote, jour après jour, votre espace
car vous n'avez plus le sentiment d'exister.
Vous vous sentez peu à peu isolé,
déconnecté du monde qui vous entoure.
Une vie qui se vit "sans vie" comme en parallèle de la vraie.
Le pire encore est d'être abandonné
de ceux qu'on aime.
J'ai beaucoup aimé le magnifique film psychologique,
très humain, SEUL AU MONDE où l'acteur principal
joué par Tom Hanks, un employé de FedEX,
échoué à la suite d'un accident d'avion sur une île,
dépourvue de toute civilisation, finit par se fabriquer
un ami imaginaire tant il se sent désespérément seul.
Face à l'océan, il s'en sert pour pouvoir parler
afin de ne pas sombrer dans la folie.
Certaines scènes avec « Wilson », le fameux ballon de volley
ainsi rebaptisé sont réellement poignantes et témoignent
de l'impact émotionnel d'un tel besoin pour notre équilibre.
Ainsi, quand il perd « son ami » qui s'éloigne au loin
emporté par la mer et qu'il tente par tous les moyens
de récupérer, criant, pleurant, lui disant
qu'il est désolé de l'avoir laissé tomber.
Cette scène fabuleuse est l'un des moments les plus forts
portée par un Chuck (Tom Hanks) magistral.
Ce dernier en est totalement anéanti
et la tristesse qu'il éprouve est infinie.
La tristesse est ainsi souvent liée à la solitude
qu'on a laissé s'installer en soi.
Paradoxalement, on peut être entouré (ou même en couple)
mais pourtant se sentir très seul.
Face à nous-même et face à nos choix.
La pire situation qui soit...
La tristesse, quelque soit son origine, vous prive aussi d'énergie.
Celle qui normalement impulse une dynamique
nécessaire à toute notion de volonté,
mais également d'envie et de plaisir.
Il y en a parfois mais par petits à-coups.
Sauf que la batterie a besoin d'un certain temps « positif »
pour se recharger d'où l'impression de ne jamais
se ressourcer ni avancer.
On finit alors par se résigner voire simplement accepter
que plus rien ne va changer à force d'avoir essayé
ou cru que cela pouvait enfin arriver.
Avoir essayé d'y croire, par amour ou par foi,
pour récolter au final des raclées
rangées alors dans notre fameux panier
que nous trimbalons sur notre dos
depuis que nous sommes nés.
Bien sûr, on peut se relever de ces épreuves imposées
quand certains y ont dramatiquement renoncé
mais si mal...
Chaque coup porté est inconsciemment gravé en nous.
Des stigmates invisibles mais de réelles blessures
bien vivantes qu'il nous faut tracter
à défaut de pouvoir s'en débarrasser.
C'est d'autant plus compliqué aujourd'hui
de trouver un équilibre dans des relations saines.
Et pour cause, dans notre monde moderne,
il est très difficile d'établir des contacts humains
dits stables et durables.
Pour autant, les contacts sont nécessaires à notre équilibre.
Mais, la consommation, le changement,
la zappe sont devenus les moyens usuels
de se nourrir humainement au quotidien.
Rien ne demeure permanent.
Beaucoup de personnes s'y caractérisent
et ne prennent plus la peine de faire d'effort envers l'autre.
Elles sont égoïstes, hermétiques et ne voient qu'elles.
Tout devient souvent à sens unique.
Elles s'éparpillent et courent vers un quelque chose
dont elles ne savent même pas, elles-mêmes, définir.
Elles fonctionnent à l'impulsion ou pire le regard.
Le superficiel et le léger.
Pourtant "L'essentiel est invisible à nos yeux"
comme le disait si justement Antoine De St Exupéry.
Bref, elles amorcent une relation sans savoir vraiment
ce qu'elles désirent et font machine arrière
parce qu'entre temps, elles ont tourné la tête
vers autre chose tels des enfants.
Elles ne réfléchissent pas, en amont, sur l'impact
et conséquences de leurs actes qui peuvent être
alors source de souffrance sur l'autre
tant ils sont mal appréhendés.
Une souffrance qui malheureusement peut
quant à elle s'installer sur le durer...
Concrètement, elles ne construisent rien
excepté des passerelles virtuelles qui, au final,
n'iront jamais jusqu'au port destiné.
Celui de la rencontre véritable avec l'autre…
Quant à l'instabilité, elle est devenue aujourd'hui prégnante.
Plus rien ne dure.
Sans parler des valeurs passées qui ont beaucoup changées.
On peut le voir très facilement au travers des réseaux sociaux.
Ceux qui sont censés nous apporter un tissu actif « social »
et faire en sorte qu'on se sente « important »,
entourés et surtout pleinement exister.
Pure chimère...
Car la vérité est qu'ils alimentent et amplifient
la solitude la plupart du temps.
En multipliant les contacts, on espère ainsi trouver
la personne « solution » aux quêtes désespérées.
Et la zappe est là si le contact nous insatisfait.
On se forge à tort une image, sa propre image sur un ressenti
vis à vis d'une personne derrière un écran
et qui occulte un ensemble fondamental de points
que la vraie vie nous permettrait.
Peut-être...
Que d'erreurs là aussi parfois de jugement...
Qui n'a jamais posté une photo de soi en vacances
pour impressionner ses amis ?
Pourtant si ce geste semble « normal », anodin et ludique,
il peut pourtant avoir de lourdes conséquences
aussi cachées qu'inattendues.
Car force est de constater qu'on peut se sentir encore plus mal
à force de voir que les uns les autres publient
sous votre nez des jolies photos de la sacro sainte famille
« heureuse » de vivre des moments à vouloir
ainsi les partager et surtout les faire liker.
LIKER le fameux sésame est laché comme si,
il était nécessaire d'être liké dans tout ce qu'on fait
pour légitimer notre reconnaissance sociale !
A quoi peuvent penser ces mêmes personnes qui,
en réponse, en arrivent à déprimer derrière leur écran
en se demandant pourquoi moi aussi
" je n'ai pas droit à cela ?"
"Je ne vis pas cela ?"
Tristesse « retour » injectée
commence alors à s'installer…
Mais si en fait, tout ceci n'était que du déguisé,
un travestissement de la réalité ?
Autrement dit un leurre dans « le paraître »
pour masquer la sinistre vérité d'une vie monotone et sans attrait.
Qu'en définitive, toute image publiée si envieuse voire jalousée,
présentée bien évidemment à son avantage,
ne serait qu'un fake
pour broder une réalité plus fade qu'il n'y parait.
Les réseaux sociaux incitent à la démonstration de nos vies.
Mais ils font naître pour beaucoup, en revers,
un sentiment de tristesse absolue tant la solitude en retour
explose au nez de ceux qui suivent activement
et fidèlement les vies des autres sur le fameux mur.
Au lieu de construire comme ils sont censés faire,
ces réseaux dits sociaux appauvrissent l'autre.
Ils le vident...
Le mur de la désolation…
ou plus exactement
le miroir déformant de la réalité.
D'ailleurs d'après une étude de l'université de l'Utah,
passer du temps sur Facebook pour le citer
pourrait rendre dépressif.
Voir la vie des autres défiler sur son écran
au travers de photos, de commentaires, de likes
ou encore des pokes (bien que l'origine de ce dernier mot
n'ait rien à envier puisqu'il signifie « fourrer »
à connotation sexuelle) devrait à la base être
le lieu idéal pour se changer les idées.
Mais l'idée reçue est totalement fausse …
Les personnes qui déprimeraient le plus
sur la fameuse plate forme fondée par Mark Zuckerberg
sont les personnes trop exposées au bonheur des autres.
Celles moins populaires, timides, en retrait,
et qui ont l'impression que leurs amis ou « simples contacts »
ont une vie passionnante à l'instar de la leur.
Et plus, on passe du temps sur facebook
et plus on aura de chance de se convaincre
que nos contacts sont plus heureux que nous.
Et constat d'autant plus alarmant vis à vis de personnes
qu'on ne connaît pas !
Ainsi, face à la vie « parfaite » affichée clairement
par ces mêmes inconnus, on aurait l'impression
d'avoir une vie maussade, moins trépidante.
De là finissent par naître des sentiments de frustration
mais aussi des symptômes de dépression.
Bien évidemment, cela ne sous entend pas
que Facebook cause la dépression.
Mais plutôt que les sentiments de dépression
sont intimement liés au fait de se comparer avec ses contacts
qui, pour la plupart, nous sont en réalité inconnus dans la vraie vie.
Il faut donc rester en capacité de relativiser
avant de comparer la vie idéale de ces contacts
à notre vie quotidienne.
Et enfin et surtout se libérer de cette addiction
faute de ne pouvoir la cadrer raisonnablement.
Il y a une vie en dehors de Facebook...
Quant à la sincérité derrière tous ces masques exposés
sur cette toile, où la trouver ?
« L'enfer, c'est les autres. » disait Jean Paul Sartre
Se lier à une personne, lui ouvrir une porte de notre intimité,
c'est s'exposer à une éventuelle déception ou être malmené.
Gare alors aux conséquences salées si on est de par
notre nature déjà bien vulnérabilisé
ou alors par notre parcours fragilisé.
Pire lorsqu'on aime,
puisqu'on donne à l'autre
le pouvoir entier
de nous détruire tout court.
L'équilibre de la communication dans un tel monde
s'amenuise, alors comment s'y retrouver ?
La solitude et le repli s'inscrivent comme
contre pied du chassé croisé.
La vie s'écoule ainsi à chercher aux travers « d'autres »,
pensant se trouver pour se réaliser,
jusqu'au jour où on percute
"Au cœur de cette fameuse tristesse"
qui s'est installée
que c'était « Nous »
qu'il fallait
en fait d'abord rencontrer…
Pour l'unique raison que si l'on se suffit à nous mêmes,
la tristesse, en dehors des conséquences
de la perte d'un être cher ou d’événements dramatiques,
aura moins de prises d'entrée sur notre devenir.
Un bien être personnel qui s'appelle
simplement
L'estime de soi…
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