Les Mots pour Maux
L'anxiété avec un grand A
Faire de l’anxiété, c’est avoir peur de tout,
tout le temps, et ne pas savoir se raisonner.
Faire une crise de panique,
c’est comme être toute seule
sur un sentier dans le bois
et tomber face à face avec un ours ou un loup.
Tout ton corps se transforme
et active ses mécanismes de défense
pour que tu arrives à sauver ta peau.
Le problème, c’est quand ton corps fait ça,
mais que y’a pas d’ours.
Ni de sentier. Ni de bois.
Tu es dans un meeting, au resto, chez le dentiste.
C’est ça, une crise de panique.
Et c’est extrêmement difficile à vivre.
Parce que, chaque fois que ça arrive,
tu penses que tu vas mourir.
Que cette fois-là va être la bonne.
Et ça te fait paniquer encore plus.
Le stress.
On n’en parlera jamais assez.
Les relations non réglées avec les autres.
Les émotions pognées et non libérées.
Les situations dont tu ne sais pas comment te sortir.
L’hygiène de vie un peu négligée dans un rush de travail.
La fatigue accumulée pendant des années passées
à faire trop d’heures au bureau, tout le temps.
Et toutes les autres choses qui peuvent
déclencher un trouble anxieux,
appelons ça un «trouble panique».
C’est sournois en maudit.
Ça s’installe tranquillement…
Ça t’inquiète un peu, puis, après un moment, énormément.
Tu te ramasses à l’urgence,
convaincue que tu fais une crise cardiaque ou un AVC.
Tu te fais renvoyer chez toi en te faisant dire
que c’était juste une crise de panique.
Tu ne comprends pas.
Ça recommence, ça revient de plus en plus souvent.
Tu n’arrives plus à faire des choses simples,
comme prendre le métro ou conduire
sur l’autoroute sans t’affoler.
Ça y est, tu as un «trouble panique».
Et tu ne sais pas à qui en parler.
Tu penses que tu es la seule personne à qui ça arrive.
Tu te mets à éviter toutes les situations
où ça pourrait se produire.
C’est le début d’une spirale infernale.
L’anxiété, ça va et ça vient dans ma vie depuis que j’ai 30 ans.
Les premières crises se sont manifestées
pendant une période de ma vie où j’avais un super bon emploi.
Je ne réalisais pas que mon travail ne me rendait pas heureuse,
ou disons plutôt, qu’il ne me rendait PLUS heureuse.
Cet emploi avait eu un sens dans ma vie
et m’avait longtemps donné le sentiment
que je changeais des choses, que j’aidais des gens,
que je faisais avancer la société.
Mais les années sont devenues plus difficiles
dans mon domaine et tout est devenu plus superficiel.
On ne disposait plus des mêmes moyens
pour aller en profondeur dans nos démarches.
Il y avait perte de sens pour moi, jour après jour.
Je me suis mise à faire des crises de panique
de plus en plus fréquentes.
Je n’en ai parlé à personne,
je ne comprenais pas ce qui m’arrivait.
J’évitais le métro, je faisais semblant
que ça me faisait du bien de marcher
pendant une heure le matin pour aller travailler.
Je me sentais de plus en plus mal dans les meetings,
j’avais chaud, j’hyperventilais,
j’avais les mains engourdies, de grosses palpitations,
mais je m’arrangeais pour que ça ne paraisse pas.
J’avais de plus en plus de mal à être fonctionnelle.
Alors je suis partie en voyage pendant trois mois.
Ça a complètement cessé.
À mon retour, les symptômes ont repris de plus belle,
jusqu’à ce que je laisse mon emploi.
Mon corps me parlait. Fort.
J’ai recommencé à travailler, mais à la pige.
Les crises de panique se sont espacées.
Tranquillement.
Et je me disais que c’était mon emploi
qui avait causé ça.
J’ai fait une thérapie et j’ai appris
plein de choses sur l’anxiété :
comment la désamorcer et, surtout,
comment «éviter d’éviter».
Parce que c’est la pire chose, en fait,
cette fameuse peur d’avoir peur.
En évitant une situation particulière
de crainte de paniquer
– prendre le métro par exemple –
on crée un lien de cause à effet qui est faussé.
Parce que ce n’est pas le métro le problème,
c’est le trouble anxieux !
Il faut donc affronter sa peur et apprendre à gérer
les crises de panique pour multiplier les expériences positives.
C’est difficile.
Mais on finit par y arriver et par remonter
à la vraie source du problème.
J’ai appris à identifier les crises,
à les isoler comme telles, à les comprendre.
En me disant que ça ne durerait que 20 minutes,
que j’étais passée à travers plein de fois sans mourir,
que ça allait s’estomper.
J’ai appris à changer le discours mental.
Mais ça prend du temps.
Et du courage, parce que maudit
et que c’est difficile à vivre.
Et à cacher !
Et puis, je me suis séparée.
Une séparation vraiment difficile.
Rebelote pour les crises de panique.
J’ai essayé des médicaments cette fois-là,
parce que les symptômes étaient de plus en plus forts.
Depuis, ça ne fait qu’augmenter.
Même que les manifestations physiques sont différentes,
plus souffrantes, plus épeurantes.
Depuis deux ans, je passe d’un sevrage de médicaments
à un autre pour trouver la bonne molécule,
le bon dosage.
Je suis une thérapie spécifique à l’anxiété.
Aujourd’hui, finalement, je crois être sur le bon chemin.
Je fais de la méditation presque religieusement.
J’évite le café.
Je vais tranquillement me remettre à faire du sport,
quand l’énergie reviendra.
J’ai toujours été une grande sportive,
mais disons que l’anxiété, c’est un sport en soi,
ça te demande une énergie extraterrestre.
Je fais tout ce que je peux pour aller mieux
et être douce avec moi quand les crises se pointent.
J’essaie de ne faire aucun évitement,
c’est un combat de tous les instants.
Mais je vois la lumière au bout du tunnel!
Je vais y arriver, je le sais!
Avec de l’aide, bien sûr.
Parlant d’aide, le danger avec l’anxiété,
c’est vraiment l’isolement.
Tu manques d’énergie pour sortir,
pour faire face aux autres.
Tu as peur de faire des crises,
tu as peur de la réaction de ton entourage,
du fait que les gens autour de toi
ne sauront pas comment réagir si ça se produit.
Tu es gênée de ton état.
Et pourtant, quand tu t’ouvres juste un tout petit peu,
tu te rends compte qu’il y a tellement de gens autour de toi
qui ont fait face à l’anxiété à un moment de leur vie
ou même qui vivent ça souvent !
En avion, dans une salle de conférence,
assis dans leur salon…
Ça fait du bien de savoir qu’on n’est pas tout seuls.
C’est un peu le but de ce texte d’ailleurs....
© Ce texte est tiré de Bloome Magazine
Vous pouvez le retrouver dans la rubrique :
Pensées Colligées "Les Mots pour Maux"
Le saviez-vous ?
Certaines personnes sont si imprégnées par le tourment
qu’elles ressentent à l’intérieur qu’elles peuvent paraître
distantes, froides, apathiques et/ou asociales.
L’anxiété est un trouble invisible, un état anxieux
qui a également des répercussions physiques.
Ces répercussions physiques peuvent devenir très incapacitantes.
Lors de la survenue d'une crise d'anxiété,
le corps au complet se met en mode combat ou en mode fuite...
Quand ça arrive, le corps libère
une grande quantité d’hormones
telles l’adrénaline et le cortisol,
ce qui accélère les battements cardiaques,
augmente la pression sanguine
ainsi que le rythme de la respiration.
Le flux sanguin est concentré sur les muscles et le cerveau,
mais diminué partout ailleurs et les fonctions « non-essentielles »
comme la digestion ou le système reproductif
sont temporairement arrêtées.
Cela peut prendre jusqu’à une heure au corps
pour revenir à un état normal.
On peut donc imaginer les effets de cette réponse physiologique
lorsqu’elle devient fréquente et répétée.
Même sans se rendre jusqu’à la crise, l’anxiété peut mener
à des symptômes physiques désagréables,
comme des maux de tête, des douleurs musculaires,
une fatigue constante et généralisée,
de l’arythmie cardiaque, des étourdissements…
Il y a beaucoup de déclencheurs :
la peur de déplaire ou de ne pas être à la hauteur,
l’inquiétude pour le futur ou pour nos proches,
les situations sociales, les situations nouvelles ou inconfortables,
les situations similaires à un traumatisme passé…
Il n'y a pas qu'un seul type de personne anxieuse
et un seul moyen de gérer/contrôler son anxiété.
La rumination en boucle et les pensées négatives
sont parmi les pires symptômes.
Constamment bombardées par des pensées négatives
qui ne sont pas basées sur la raison
bien que paraissent bien réelles...
Elles peuvent par exemple leur rappeler
qu’elles ne sont pas à la hauteur,
que personne ne les aime,
que les gens leur en veulent personnellement,
qu'un malheur pourrait subitement arriver…
Une attaque d’anxiété peut par exemple survenir
simplement parce qu’une personne chère arrive 10 minutes en retard
ou ne répond pas tout de suite à un texto.
La rumination est également un symptôme difficile,
par lequel la personne anxieuse revit constamment
et sur-analyse toute petite erreur du passé,
toute situation dans laquelle,
elle considère n'avoir pas réagi comme il fallait sur le moment,
tout conflit aussi mineur soit-il.
C’est épuisant, énergivolre, surtout si cela arrive
pendant les heures normales de sommeil.
Personne ne souhaite vivre avec de l'anxiété.
Même si elle affecte beaucoup,
elle ne définit jamais une personne...
Je me suis perdue - Claudie & Alexandre STANKÉ (album 2019)
Entre l’ivresse du cœur
et les coups de gueule
Entre les petits espoirs
et les grands regrets
Petit à petit je me suis perdue
en cherchant le soleil
pour me réchauffer
Un nuage gris m’a enveloppée
de la tête aux pieds
Je me suis sentie petite
si petite
que je me suis perdue
Entre les fous rires
et les flots de larmes
Entre les mots langoureux
et les phrases assassines
Petit à petit je me suis perdue
en cherchant la lune
qui avait disparue
Un nuage gris m’a enveloppée
de la tête aux pieds
Je me suis sentie petite
si petite
que je me suis perdue
Entre les petits bonheurs
et les grandes tristesses
Entre les pleins de tendresse
et les indifférences
Petit à petit je me suis perdue
en comptant les étoiles
qui avaient disparues
Un nuage gris m’a enveloppée
de la tête aux pieds
Je me suis sentie petite
toute petite
Un nuage gris m’a enveloppée
de la tête aux pieds
Je me suis sentie petite
si petite
que je me suis perdue
Extrait de l'album TOI & MOI 2019
Musique d'Alexandre STANKÉ
Paroles de Claudie STANKÉ
Montréal - Québec
© Tous droits réservés
La dépression ne relève ni d’une fatalité,
ni d’une faiblesse de caractère.
Elle peut toucher chacun d'entre nous
(indépendamment de son âge, son sexe ou son niveau social).
Les causes peuvent être diverses,
biologiques ou environnementales voire contextuelles
(l'histoire personnelle).
Elle est parfois le signe d'avoir trop lutté
et/ou d'avoir été fort trop longtemps.
Du jour au lendemain ou "petit à petit", on peut se perdre…
On peut ainsi lâcher la rampe quelque soit l'origine du mal être.
La volonté seule ne suffit pas toujours pour en sortir
parce que la dépression, contre toute idée reçue, est une maladie
qui génère une profonde tristesse particulièrement intense.
Son combat quotidien entrave douloureusement la vie
de celle ou celui qui en souffre, mais aussi impacte
en répercussions l'entourage.
Des tensions familiales comme de couples peuvent survenir
(au travers de symptômes qui se développent comme l'irritabilité,
la perte d'intérêt ou la perde de plaisir).
Le conjoint peut se sentir totalement dépassé, démuni
face à une détresse qu'il ne comprend pas toujours.
Il peut aussi avoir tendance à fuir.
Cette douleur morale permanente (et plus insupportable
que toute autre souffrance) va jusqu'à couper la personne de son entourage
et lui provoquer un sentiment terrible de dévalorisation de soi
qui l'empêche d'être elle même.
Le rejet, l'abandon, l'humiliation, la trahison et l'injustice
représentent cinq blessures fondamentales à l'origine de nos maux
(qu'ils soient physiques, émotionnels ou mentaux).
La dépression est un signal fort, une soupape de sécurité du corps.
Soyons bienveillants et non dans le jugement "sans savoir"
vis à vis de ceux qui en souffrent.
Être présent et à l'écoute
(y compris pour les proches, les conjoints qui ont
eux aussi besoin d'être écoutés)
font partie du processus vers la voie de la guérison.
Je rappelle à cette occasion que l'espace « BONUS »
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